La Bible en 1 an 2025Sample

Des contradictions troublantes

J'ai souvent entendu dire que “la Bible est pleine de contradictions”. Elle contient certainement beaucoup de contradictions *apparentes*. Lorsque vous faites face à des contradictions difficiles : * cherchez à harmoniser les contradictions apparentes au sein du message de la Bible dans son ensemble * évitez les moyens d'harmonisation artificiels * Soyez patients – soyez prêts à attendre et à vivre avec des questions non résolues

Proverbes 26,3-12

Répondre ou ne pas répondre ?

Les mots “fou”, “insensé”, “folie” apparaissent 96 fois dans le livre des Proverbes. Le fou est le contraire de la personne sage recommandée par l'auteur des Proverbes.

Il dit :

• « Ne réponds pas à un sot, en tenant compte de sa bêtise. Sinon, tu risquerais de lui ressembler, toi aussi » (v.4).

• « Réponds à un sot, en tenant compte de sa bêtise. Sinon, il se croira plein de sagesse » (v.5).

Rien ne pourrait plus apparaitre comme une contradiction. Si les deux versets figuraient dans des sections différentes de la Bible, cela serait salué comme une contradiction évidente. Cependant, le fait qu'ils apparaissent l'un après l'autre suggère qu'aux yeux de l'auteur, il n'y a pas de véritable contradiction.

Les critiques peuvent souvent être extrêmement utiles et il est possible d’en tirer des enseignements. Cependant, il arrive que les critiques proviennent de l'ignorance (des « sots »). Comment alors réagir ? Il y a une tension : d’un côté nous ne voulons pas répondre parce que, dans un sens, cela équivaut à s’abaisser au niveau du critique (le sot v.4).

D’un autre côté, nous avons envie de répondre parce qu'autrement, le critique pourrait penser avoir raison et se croire « plein de sagesse » (v.5).

Il se pourrait bien que l'auteur des Proverbes utilise ce dilemme pour faire une remarque humoristique, à savoir que lorsqu'il est question de parler avec des imbéciles – que vous répondiez ou que vous gardiez le silence – vous n’en sortez jamais gagnants.

C’est très tentant de penser que l'imbécile, c’est quelqu'un d'autre et pas moi. Si nous pensons cela, alors nous sommes “sages à nos propres yeux” : « Si tu rencontres quelqu'un qui se prend pour un sage, tu dois le savoir : il y a plus à attendre d'un sot que de lui » (v.12) ! C'est là que le bât blesse ! Après nous avoir fait sourire en montrant à quel point les imbéciles peuvent être stupides, on nous rappelle que lorsque nous pensons que nous sommes sages, nous sommes encore plus mal lotis que les imbéciles !

Seigneur, préserve-moi d'être sage à mes propres yeux. Donne-moi la sagesse dans toutes mes décisions et dans la façon dont je réponds à mes critiques.

Tite 2,1-15

“Ennuyeux” ou “attrayant” ?

Pour que le christianisme soit crédible et attrayant pour le monde, les chrétiens doivent vivre une vie authentique et attrayante.

Paul écrit à Tite que nous devons faire « honneur à l'enseignement de Dieu notre Sauveur » (v.10b). Les instructions qu'il donne sur la manière d'enseigner aux femmes à être respectueuses, maîtresses de soi, pures, bonnes, etc. sont données afin que personne ne puisse « dire du mal de la parole de Dieu » (v.5).

De même, les instructions qu'il donne à Tite sur la maîtrise de soi, l'intégrité, etc. sont données pour qu'ils « ne trouv[ent] aucun mal à dire de nous » (v.8).

Cependant, à la lecture de ses instructions, on constate qu'elles sont à l'opposé de ce que notre culture du XXIe siècle aurait tendance à qualifier d’attrayant. Il parle « d’enseignement juste » (v.1), de « saine doctrine » (v.1) (TOB), de sobriété (v.2) (TOB), de pondération (v.2) (TOB), de foi saine, d’amour, de persévérance (v.2) (TOB), d'absence d’excès de vin (v.3) (TOB), de modestie et de chasteté (v.5) (TOB), en faisant preuve d'intégrité, de sérieux (vv.7-8) (TOB), en disant “non” à l'impiété et aux désirs du monde, et en menant une vie réservée, droite et pieuse (v.12) (TOB).

Tout cela semble très peu attrayant pour les oreilles modernes. Pourtant, quand on voit quelqu'un vivre comme ça – Mère Teresa ou le pape François, pour n'en citer que deux – c'est très attrayant. Notre culture n'aime pas l'idée de sainteté, mais quand les gens voient une vie sainte, ils sont captivés par elle. La vraie “sainteté”, c’est lorsque vous êtes en mesure de laisser chaque personne plus vivante que lorsque vous les avez rencontrées.

Comme l'a dit Simone Weil : “Le mal imaginaire est romantique et varié ; le vrai mal est sombre, monotone, stérile, ennuyeux. Le bien imaginaire est ennuyeux ; le vrai bien est toujours nouveau, merveilleux, enivrant.”

Il y a quelque chose de beau dans les vies « dignes » et « pondérées », pleines de « foi saine » et « d'amour » (v.2) (TOB) ; les gens qui sont des « personnes saintes » (v.3) (TOB) « raisonnables et pures » (v.5) (v.3,5) (MSG) ; vivent de manière « raisonnable, juste et fidèle à Dieu » (v.12).

Jésus est mort pour vous et moi « afin de nous libérer de tout mal. Il a voulu faire de nous un peuple pur, un peuple qui soit à lui, toujours prêt à faire le bien » (v.14).

Seigneur, aide-moi de sorte que, au travers de ma vie et de mon amour je puisse rendre l'enseignement sur toi attrayant.

Habacuc 1,1-3,19

La foi et le doute ?

Est-ce que les doutes, les interrogations et les craintes sont compatibles avec la foi ? Est-ce que vous êtes confrontés à des problèmes dans vos relations, votre mariage (ou absence de mariage), votre famille, votre travail, votre santé, vos finances ou une combinaison de tous ces éléments ? Est-ce que cela vous fait douter de l'existence de Dieu ? Est-ce que vous devriez cesser de croire ?

Beaucoup de gens considèrent que la foi est quelque chose que l’on ne peut questionner. Ils pensent que la foi et le doute sont opposés. En réalité, la foi et le doute sont les deux faces d'une même pièce. Il ne fait aucun doute que 2 + 2 = 4. Cependant, il n'est pas nécessaire d'avoir la foi pour y croire. Par contre, croire que quelqu'un vous aime est ouvert à un élément de doute. Mettre sa foi en Dieu, est comparable au fait d’aimer une personne. Il y a toujours un espace pour le doute. Sans le doute, la foi ne serait pas la foi.

De même, ce n’est pas une mauvaise chose que d'interroger Dieu dans le contexte de la foi. Le livre d'Habacuc commence par un homme qui croit, mais qui néanmoins, pose des questions. Il s’achève avec une grandiose expression de foi, rarement égalée dans l'Ancien Testament.

Habacuc regardait le monde et était perplexe et saisi de crainte. Il a vu la « violence » (1,2), « l'injustice » (v.3a) (LSG) / « l’oppression » (v.3a) (TOB), les « ravages » (v.3c) (TOB), les « procès et disputes » (v.3d). Pourtant à ses yeux, il ne semblait pas que le Seigneur fasse quoi que ce soit à ce sujet (vv.2-4). Il a vu la douleur et la souffrance, et a demandé : « Seigneur, … Combien de temps ? ... Pourquoi ? » (vv.2-3).

Il a amené le problème devant Dieu et a posé des questions vraiment sincères. Dieu lui a répondu qu'il allait faire quelque chose d'étonnant, mais pas ce à quoi Habacuc s'attendait (v.5). Il faisait venir les Babyloniens (v.6). Par conséquent, Israël allait être accablé et allait s'exiler.

Habacuc était perplexe. Dieu contrôlait-il l'histoire et était-il tout-puissant (v.12) ? Comment un Dieu pur pouvait-il utiliser les cruels et idolâtres Babyloniens pour punir une nation pieuse ? « Seigneur, tu as choisi les Babyloniens pour nous juger … Tu as les yeux trop purs pour regarder le mal » (vv.12-13). Habacuc ne semble pas avoir obtenu de réponse directe. Cependant, il a apporté ses plaintes et ses problèmes à Dieu et les lui a laissés pendant qu'il attendait (2,1).

Dieu lui a d'abord dit d'écrire la vision (v.2). Lorsque vous sentez que Dieu vous parle et vous donne une vision, il est bon de l'écrire afin de pouvoir vous y référer et de vous y accrocher. Ensuite, Dieu lui a dit qu'il pourrait avoir à attendre les réponses : « Attends avec confiance, même si c'est long. Oui, c'est sûr, elles arriveront sans retard » (v.3).

Dieu veut que vous lui apportiez vos doutes, et vos questions. Il se peut que vous n'obteniez pas toujours des réponses immédiates à toutes vos questions. En attendant des réponses, vous êtes appelés à avoir confiance en Dieu, même si vous ne comprenez pas entièrement ce qu'il fait.

La foi implique de croire ce que Dieu a dit malgré les difficultés que vous rencontrez : « celui qui est fidèle à Dieu est juste et ainsi, il a la vie » (v.4b). Habacuc avait anticipé que le jugement tomberait sur les impies de Babylone. Il prévoyait également qu'un jour, les hors-la-loi seraient détruits et que « Oui, tous connaîtront la gloire du Seigneur, elle remplira la terre comme l'eau remplit les mers » (v.14). Il prédisait l’ultime triomphe du bien sur le mal.

Jusqu'à ce moment, il avait décidé de rester proche de Dieu quoi qu'il arrive.

Comme Habacuc, engagez-vous à louer et non à vous plaindre. Prenez la résolution d'adopter une vision à long terme et soyez patients. Prenez la résolution de vous réjouir quelles que soient les circonstances. Engagez-vous dans la foi, même lorsqu'il n'y a pas de fruit (3,17-19).

Dieu se préoccupe, non pas tant de la moisson que de votre cœur. Même si vous ne trouvez aucun autre motif, vous pouvez vous réjouir de votre relation avec le Seigneur. Habacuc dit : « Mais moi, je trouve ma joie dans le Seigneur, je suis heureux à cause du Dieu qui me sauve » (v.18). Dieu l'a rendu confiant et joyeux : « Le Seigneur DIEU est ma force. Il me rend aussi rapide que les biches, il me fait marcher sur les hauteurs » (v.19).

Comme l'écrit Joyce Meyer, “nous devons laisser nos difficultés nous aider à développer des "pattes de biche". Quand nous aurons de telles "pattes" nous marcherons et progresserons à travers nos problèmes, nos souffrances, nos responsabilités ou de tout ce qui essaie de nous retenir.”

Seigneur, aide-moi à avoir une confiance totale en toi alors que je t'exprime honnêtement mes doutes et mes questions, et aide-moi à me réjouir en toi même lorsque je ne vois pas immédiatement de réponse.

Pippa Adds

Habacuc 3,17-18

« Les figuiers ne fleurissent plus, les vignes ne donnent plus de raisin, les oliviers ne portent plus d'olives, les champs ne produisent aucune nourriture. Il n'y a plus de moutons dans les bergeries, plus de bœufs dans les abris. Mais moi, je trouve ma joie dans le Seigneur, je suis heureux à cause du Dieu qui me sauve ».

Je me souviens d'Andrew White (le pasteur principal de Bagdad) s'exprimant sur ce passage après que la ville et son église ont été bombardées. Sa foi et son travail en Irak sont une source d'inspiration. Je me sens profondément interpellée par les chrétiens qui vivent dans des endroits comme l'Irak et la Syrie et qui persévèrent malgré la menace terrifiante de l’État Islamique, qui sont constamment entourés de persécution et de souffrance. C’est facile pour moi de me réjouir, mais c'est avec une profonde humilité qu'ils le peuvent.

References

Joyce Meyer, *La Bible de la vie quotidienne* (Faitshwords, 2018), p.1434. Simone Weil, *Gravity and Grace* (Routledge, 2002), p.70. Sauf indication contraire, les citations bibliques sont tirées de La Bible Parole de Vie © Société biblique française – Bibli’O, 2000. Les extraits marqués (Colombe) sont tirés de La Nouvelle version Segond révisée (Bible à la colombe) © Société biblique française – Bibli’O, 1978. Les extraits marqués (NFC) sont tirés de La Bible Nouvelle Français courant © Société biblique française – Bibli’O, 2019. Les extraits marqués (TOB) sont tirés de La Traduction Œcuménique de la Bible © Société biblique française – Bibli’O et Editions du Cerf, 2010. Les extraits marqués (MSG) sont traduits de la Message.