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Jérémie INTRODUCTION

INTRODUCTION
Un prophète défaitiste…
La famille de Jérémie, de lignée sacerdotale (1.1), était fixée à Anatoth, sur le territoire de Benjamin, à environ cinq kilomètres au nord-est de Jérusalem. Elle appartenait sans doute à la lignée des grands prêtres Eli et Abiathar, qui avait été écartée du culte de Jérusalem à l'avènement de Salomon (1R 2.26s ; cf. 1S 2.27-36 ; 3.11-14). D'aucuns croient deviner des échos de cette disgrâce familiale dans les démêlés de Jérémie avec les prêtres du temple de Jérusalem (chap. 20).
L'hypothèse la plus plausible situe la naissance de Jérémie entre les années 650 et 645 av. J.-C. Sa vocation au ministère prophétique date de l'année 627/6 (1.2) ; il a alors une vingtaine d'années. Jérémie est toujours là quarante ans plus tard, au moment de la prise de Jérusalem. Dans les années qui suivent la catastrophe, la Bible le laisse en Egypte (chap. 43). Selon une tradition juive, il y serait mort lapidé par des compatriotes à qui il reprochait leur idolâtrie (cf. Hé 11.37).
Le message de Jérémie se réfère constamment à l'actualité nationale et internationale. Dieu le fait prophète pour les nations (1.5). C'est dire que Jérémie va devoir interpréter cette actualité dans le cadre du dessein de Dieu pour son peuple et pour le monde, et que son message aura des implications politiques  : la conversion à laquelle Jérémie appelle son peuple infidèle ne se cantonne pas dans le domaine « religieux ». Or du point de vue politique, précisément, il en résulte un message scandaleux qui le fait apparaître comme un collaborateur de l'ennemi babylonien, un défaitiste qui sape le moral des troupes (37.11-15 ; 38.4).
… pour une époque troublée
Soixante-dix ou quatre-vingts ans avant la naissance du prophète, le royaume du Nord, Israël, est devenu province assyrienne. Une partie de la population a été exilée et remplacée par des colons d'origine non israélite (2R 17). Ces événements sont encore très présents pour Jérémie, qui est né à la lisière du royaume du Nord (3.6 etc.).
Le sort du royaume de Juda se joue entre ses redoutables voisins : au « nord » l'Assyrie (qui va rapidement disparaître de la scène internationale, vers 610) et la Babylonie (qui renaît à l'époque où débute le ministère de Jérémie) ; au sud-ouest, l'Egypte.
En 640, à Jérusalem, le roi Amôn, qui menait une politique pro-assyrienne, est assassiné. A la faveur du déclin rapide de l'Assyrie, son jeune successeur Josias adopte bientôt une attitude plus indépendante. Il récupère même une partie de l'ancien royaume d'Israël (2R 23.15,19). Le récit de la fameuse découverte du livre de la loi dans le temple, vers 622 (2R 22.8-20), marque le début d'une réforme religieuse. Mais en voulant s'opposer à un raid égyptien visant à contrecarrer l'expansion babylonienne, Josias est tué à Meguiddo en 609. Son fils Shalloum (ou Joachaz) est détrôné au bout de quelques semaines par le pharaon Néko II et exilé en Egypte, où il meurt. Les Egyptiens mettent sur le trône de Jérusalem un autre fils de Josias, Eliaqim (2R 23.34), plus connu sous le nom de Joïaqim qui lui est imposé par le pharaon en signe de vassalité.
Mais les événements se précipitent :
Eté 605 : les troupes égyptiennes restées en Syrie sont défaites par Nabuchodonosor à Karkemish (Jr 46.2) ; Joïaqim doit bientôt faire allégeance à Babylone (2R 24.1).
601 : les Babyloniens sont repoussés par l'Egypte, qui s'empare de Gaza (Jr 47.1). Joïaqim en profite pour secouer le joug babylonien. Nabuchodonosor réagit en envoyant d'abord des bandes armées (2R 24.2), puis une véritable expédition, contre Jérusalem.
Décembre 598 : Joïaqim meurt et son fils Joïakîn lui succède (2R 24.6 ; Jr 22.19 ; 36.30).
Mi-mars 597 : Joïakîn doit capituler devant Nabuchodonosor, qui l'emmène prisonnier à Babylone avec sa mère et toute sa cour (2R 24.12). Sur le trône de Jérusalem, Babylone place alors un troisième fils de Josias, Mattania, fils de la même reine-mère que Joachaz (2R 23.31 ; 24.18 ; voir « L'après-Josias », p.${000Xsuccjos}), en lui donnant le nom de Sédécias. Celui-ci prête serment de fidélité à Nabuchodonosor (Ez 17.12-14 ; 2Ch 36.13). Mais il ne sait pas résister aux pressions de son entourage, qui regarde vers l'Egypte. Il rompt donc son traité de vassalité avec Babylone (2R 24.20 ; Jr 52.3).
Décembre 589 : siège de Jérusalem. Celui-ci durera jusqu'à l'assaut final, au début de l'été 587. Sédécias s'enfuit de nuit, mais il est rattrapé et capturé. A Ribla (Syrie), on exécute ses fils devant lui avant de lui crever les yeux et de l'exiler à Babylone, où il mourra (2R 25 ; Jr 39 ; 52).
Août 587 (ou 586) : le temple est pillé, la ville incendiée, ses murailles démantelées et l'élite de sa population déportée.
Le pays est alors confié à Guedalia, un petit-fils du Shaphân qui avait été haut fonctionnaire sous Josias. Jérémie est placé sous sa protection. Mais Guedalia est assassiné. Malgré les objurgations de Jérémie, nombreux sont ceux qui vont chercher refuge en Egypte ; ils entraînent le prophète avec eux (Jr 40–44).
Un livre-puzzle
Le ministère de Jérémie et le contenu de son livre se répartissent en quatre phases :
1) Sous le règne de Josias, il semble surtout s'adresser à ce qui reste de l'Israël du Nord (chap. 2–6). C'est probablement à la fin de cette époque que Jérémie vient vivre à Jérusalem, où il se lie à la famille de Shaphân.
2) Sous le règne de Joïaqim, il annonce le jugement prochain sur Juda, Jérusalem et le temple (chapitres 7–20. Voir aussi chap. 26 et 36).
3) Au règne de Sédécias se rapportent la polémique contre les faux prophètes (27–29), l'interpellation des responsables politiques (34–35), et des récits biographiques, par exemple l'épisode de la citerne (37–39).
4) Au lendemain de la débâcle de 587/6 se situent le gouvernement de Guedalia, son assassinat et la fuite en Egypte qui s'ensuit (40–44).
En dehors de ces grands repères, l'organisation du livre tel que nous l'a transmis la tradition hébraïque (voir « Les éditions anciennes du livre de Jérémie », p. {000Xedjer}) ne correspond pas à l'ordre chronologique (cf. les notices comme 25.1 ; 26.1 ; 27.1 ou encore 34.1s ; 35.1 ; 36.1). Le second rouleau rédigé par Baruch sous la dictée de Jérémie, vers 604, constitue certainement le noyau de l'ouvrage (voir 36.32). Mais les diverses tentatives pour le reconstituer ne convainquent guère. Baruch, fidèle secrétaire du prophète, est peut-être aussi l'auteur de certains passages biographiques, en particulier ceux qui parlent de Jérémie à la troisième personne.
Le livre de Jérémie apparaît ainsi comme une mosaïque de morceaux divers, parfois regroupés en petits ensembles comme le livret sur les rois de Juda (21.11–23.8), sur les prophètes (23.9-40) ou encore sur l'Israël renouvelé (30–31). Ces unités ont pu être compilées dès avant l'exil par un groupe de fidèles proches de la foi du Deutéronome, comme le suggèrent les nombreux points de contact formels entre les deux livres, aussi bien dans les passages de transition que dans les sections principales (voir ci-dessous l'encadré « Jérémie et le Deutéronome : quelques similitudes »).
Quand l'espérance point à travers la douleur
Jérémie est certainement le prophète dont on connaît le mieux la personne et la vie. Le lecteur découvrira un homme d'une extrême sensibilité, profondément lié à son peuple autant qu'indéfectiblement fidèle à Dieu : deux attachements qui vont, en l'occurrence, se révéler difficilement compatibles.
Certes, grâce à Josias, le temple est officiellement au centre de la vie religieuse, mais la réforme royale n'a pas changé les cœurs. Dans l'esprit paganisé de la plupart (voir 44.17ss), le temple n'est guère plus qu'un objet magique, une sorte de fétiche (7.4) : beaucoup s'imaginent que le Seigneur (YHWH) devra sauver la ville pour empêcher la profanation de son sanctuaire.
Jérémie sait qu'une telle attitude mène droit à la catastrophe. Il se sait chargé d'en avertir son peuple et de l'appeler instamment à une vraie conversion, à la circoncision du cœur, thème caractéristique du Deutéronome (Jr 4.4 ; 9.24s ; voir Dt 10.16 ; 30.6). Pour l'Israël d'alors, celle-ci doit se traduire par un sincère retour à Dieu, ce qui entraîne que soit humblement accepté le jugement : le peuple de Dieu, qui n'a pas voulu se soumettre au joug léger, devra se soumettre au joug pesant (Jr 28).
Ce message est trop blessant pour l'orgueil national et pour l'image que le peuple se fait de son Dieu. Jérémie est peu écouté. A plusieurs reprises, il se plaint à Dieu, parfois en termes vifs, de la situation dans laquelle il se trouve enfermé. C'est ce qu'on appelle traditionnellement « les confessions de Jérémie », qui ici et là font penser à la plainte de Job. En fait, dans la moitié des cas le prophète dialogue avec Dieu, et la réponse divine est parfois rude (12.1-4 ; 15.10-21 ; 17.14-18 ; 20.7-18).
Haï de tous, Jérémie connaît l'épreuve terrible de la solitude. Dans les moments difficiles cependant Dieu lui garde quelques amis sûrs comme les fils (26.24 ; 29.3 ; 36.10,12,25) ou le petit-fils (39.14) de Shaphân.
Jérémie n'avait pas reçu mandat seulement d'arracher et d'abattre, mais aussi de bâtir et de planter (voir 1.10). Par-delà le jugement, le livre de Jérémie annonce l'alliance* nouvelle que Dieu conclura avec son peuple (30–31). Cette nouvelle alliance — les mots seront un jour traduits « Nouveau Testament » — se caractérisera par l'intériorité du lien à Dieu, l'inscription de sa loi dans le cœur, la connaissance intime de Dieu par tous et le pardon des offenses (31.31-34). L'espérance s'exprime aussi dans les récits : alors que tout annonce la fin prochaine de Jérusalem, Jérémie rachète un champ de famille dont un de ses cousins est obligé de se défaire (32). Ce signe qui paraît fou sous l'imminence du désastre parle plus fort que les autres gestes significatifs associés à la prédication de Jérémie : la ceinture cachée (13), la visite au potier (18), la cruche cassée (19), le joug sur le cou (28), l'entrevue avec les Rékabites (35), etc. (voir « Les paroles-gestes des prophètes », p.${000Xgstproph}).
Cependant l'image qui s'impose est celle de la souffrance endurée par le prophète au service de Dieu. Ce n'est sans doute pas pour rien que Jésus parut à certains comme une réapparition du prophète d'Anatoth (Mt 16.14).

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